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27 avril 2012 5 27 /04 /avril /2012 23:41

                                             

Les  Bituriges  sont  l’un  des peuples de la confédération gauloise. César mentionne ce peuple en expliquant  qu’au moment où  Vercingétorix  essayait d’appliquer une stratégie de la terre brûlée, les Bituriges ont obtenu que leur cité, Avaric  (Bourges)  ne soit pas brûlée et César en a profité pour faire le siège et obtenir une victoire. Curieusement, les traces du siège décrit par César ne sont pas retrouvées par les archéologues ; seul le site correspond à la description. 

Nous ne reviendrons pas ici sur l’ensemble des fouilles et des artefacts retrouvés sur le territoire Bituriges. Il s’agit d’une enquête génétique, basée encore seulement sur un petit nombre de résultats mais qui va nous permettre de faire le point sur ce que l’on pense des origines  Celtes  à la lumière des récents progrès de la génétique.

Avant d’en venir à la génétique, revenons sur les grandes étapes reconnues par les historiens et les archéologues. Faisant suite à la civilisation des Champs d’Urnes, de l’âge du bronze, caractérisée, entre autre par la crémation des corps dont les cendres étaient placées dans les urnes funéraires qui donnent leur nom à cette civilisation, se développe vers la cité éponyme de Hallstatt en Autriche une civilisation nouvelle qui va produire le premier fer connu en Europe.

 

Extension géographique de la civilisation de Hallstatt :

extension-Hallstatt

On constate que Hallstatt est une civilisation alpine qui ne fait qu’effleurer la France par la partie des Alpes du nord, sur cette carte.  Cependant, on distingue 2 périodes, et lors de la période « faste » connue pour ses tombes princières, il y a eu une extension à l’ouest jusque dans le Berry, une région riche en minerai de fer.  Une tombe à char, typique de la période entre VIIème et le Vème siècle avant notre ère, a même été trouvée à Bourges, faisant suite à d’autres tombes à épées qui ne laissent aucun doute sur l’occupation ancienne du Berry et sur l’arrivée de populations, venues de l’Est. Ce n’est qu’au cours du second âge du fer, lors de la période dite de La Tène, dont l’apogée est environ 350 ans avant notre ère, que les Celtes occupent la plus grande partie du territoire correspondant à la France.

Revenons aux Bituriges. Les textes anciens distinguent les Bituriges Cubi et  Vivisques. Les Bituriges Cubi sont localisés dans le Berry alors que les Bituriges Vivisques sont dans la région de Bordeaux. Il semble que ce sont les  romains qui  ont déplacé des populations pour occuper une région, l’Aquitaine, alors peuplée de populations non celtes.

 

peulpecelte3rx

 

Les Bituriges Vivisques ne sont pas représentés sur cette carte.

L’origine ancienne des Bituriges explique que quelques siècles plus tard, lors de l’arrivée des Romains, les Bituriges ont perdu leur suprématie au profit des Eduens et des Arvernes, mieux placés géographiquement pour les échanges avec le monde méditerranéen.

 

La  piste  génétique :

L’adéquation entre un seul marqueur génétique et une population aussi vaste que les Celtes est impossible. Bien entendu, les celtes étaient, déjà à leur époque, le résultat de toute une histoire mêlant des gens de différentes origines. Cependant, on connaît des marqueurs qui permettent de suivre certaines populations ; ils constituent une sorte de spécificité de ces populations. Le marqueur  U152  du  chromosome  Y  est l’un des ces marqueurs.  Il faut rappeler qu’un arbre peut être dressé depuis le marqueur M168 commun à toutes les populations hors d’Afriques et aussi certaines populations africaines, jusqu’aux groupes récents. Un groupe, repéré par un marqueur comme U152, a un groupe parent et des groupes frères. Le groupe parent de U152 est le groupe P312, lui-même du grand groupe R1b. En raccourci on pourra écrire : R1b-P312 -à R1b-U152 ; cela signifie, entre autres que tous les U152 portent aussi la mutation P312, typique de toute l’Europe de l’ouest. Certains veulent voir dans ces P312 des préceltiques. Les autres groupes d’une certaine importance numérique issus de P312 sont : R1b-Z196  et  R1b-L21. Rapidement, de R1b-Z196 sont issus les Basques et les Aquitains mentionnés plus haut mais aussi toute une population le long de la façade atlantique ;  les R1b-L21 sont très nombreux dans les îles britanniques mais aussi à l’ouest de notre territoire : nous allons voir que les U152 arrivent de l’Est et il est probable que cette extension s’est faite aux dépends des R1b-L21.

Carte de densité des U152 :

 

U152 Frequency 9-28-2011

La carte ci-dessus montre tous les U152 mais on connaît, en fait, tout un arbre à partir de U152, et tous les développements actuels visent à identifier les différents rameaux.

 


Il y a donc 3 branches principales et nous allons nous intéresser plus spécifiquement au rameau : U152 ----
à L2 ----à L20 , en précisant que de nouveaux marqueurs vont permettre de subdiviser encore  L20.

 

La carte  U152  montre un groupe avec des densités plus élevées en Italie du nord (et en Corse). On ne peut pas identifier exactement des densités élevées avec l’origine. Il est connu que les populations celtes de Bavière, au nord des Alpes ont été attaquées par les Germains, venus du nord, de telle sorte qu’à l’époque romaine, déjà, César distingue Gaulois et Germains alors que l’histoire, la toponymie et maintenant la génétique montre que ces territoires ont été occupés par de mêmes populations. Il faudra un échantillonnage bien plus important, notamment en France, pour identifier les sous-groupes U152. Ici, je présente une carte google de personnes ayant fait des tests à titre privé et s’étant géo-localisés en tant que L20.  Je répète : ces « L20 » sont  R1b-U152 ; simplement ils sont identifiables parce qu’ils portent, en plus, le marqueur L2 et le marqueur L20. Nous manquons de testeurs en France et les proportions numériques ne doivent pas être prises en compte : il est fort possible que la fréquence des L20 soient importante en France ; cela reste une inconnue.

Carte  google des L20 :

 

 

U152-L20 


Il n’y a que 9  L20  connus, à ce jour en France, sur un total de 70  cas  environ  mais , sur ces 9, il y en a  3  en Berry  et 2  sur la côte atlantique, pas très loin de Bordeaux. Sinon, on remarque une sorte d’axe le long du Rhin. Encore une fois, l’excès de cas anglais vient du plus grand nombre d’anglais qui pratiquent les tests génétiques.

 

 diagramme-L20

           

En plus d’être identifiés comme  « L20 »  ces personnes ont aussi  fait les tests pour avoir un haplotype, ce qui permet d’étudier l’histoire du groupe en inspectant la variabilité des haplotypes. On peut dater, approximativement, le groupe par le graphique ci-dessus dont la lecture est celle-ci :  Le groupe a eu une première phase d’expansion à l’âge du bronze, il y a environ 3400 ans (-1400) , puis une seconde phase vers 500 – 600 avant notre ère ; ce serait cette époque qui correspondrait à l’expansion Bituriges. Donc, un groupe de métallurgistes qui, peu après la maîtrise de la technologie du fer a essaimé, repoussant sans doute des L21, pour s’emparer d’un territoire riche en mines de fer. Il faudrait, bien sûr, davantage d’échantillons de L20 pour affiner l’analyse.

J’ai voulu montrer sur cet exemple la précision que la génétique peut espérer atteindre dès que les tests seront plus largement répandus. L’adéquation entre les cartes du Hallstatt et la carte U152 n’est pas très bonne mais les cartes montrent quand même une correspondance entre les zones celtes et l’extension  U152. Il est à noter comme l’archéologie et la toponymie l’avait  déjà montré que l’origine celte n’est pas en Irlande ou en Ecosse. Les populations L21 notamment, ont sans doute acquis de leurs vainqueurs les valeurs celtiques d’aujourd’hui. L’Irlande est environ à 75%  R1b-L21 . Voyant cela, on a voulu chercher une seconde base celtique. Je pense que les L21 représentent les « Bretons » de l’île de Bretagne, autrefois aussi sur le continent. Notre Bretagne semble peuplée d’un mélange de types R1b, encore à préciser.

D’un point de vue historique nous connaissons tous l’épisode des oies du capitole lors de l’attaque des gaulois commandés par Brennus. On constate sur la carte génétique que les gaulois cisalpins (du côté de l’Italie) étaient sans doute nombreux. Je me demande si l’origine Biturige souvent avancée pour ce Brennus n’est pas le résultat d’une confusion due à l’origine commune de ces peuples.

Je termine par un appel : si vous avez des origines berrichonnes je vous engage à faire un test. Les anciennes limites du pays Bituriges peuvent être plus étendues que les départements du Cher et de l’Indre ; une extension vers le pays de Montluçon a pu avoir lieu….

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commentaires

D
You are right : my next update ! Please be patient.
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